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    Régulièrement je décide d’errer dans le Grand Paris avec mon appareil photo. J’en retire des séries photographiques qui retranscrivent les paysages urbains, les ambiances et les architectures des bouts de villes traversés. Je ne m’attache pas forcément à documenter les pratiques et les usages, je me promène et je photographie ce que je trouve subjectivement « beau » dans les espaces en marge, les territoires en mutation, ces espaces métropolitains que le collectif Stalker nomme les “territoires actuels”.
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    Après m’être beaucoup promené ces derniers mois du côté de Bagnolet, des Lilas, du Pré-Saint-Gervais et de Pantin, je voulais maintenant aller en direction du nord de Paris. J’ai donc décidé, un dimanche à la fin de l’été de me rendre à Saint-Denis en longeant le canal et traversant au passage le Parc de la Villette, ponctuation intéressante dans un parcours au point d’arrivée incertain.
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    En ce bel après-midi chaud et lumineux, le parc vivait au rythme de la réalité augmentée. Des individus de tout âge, seul, en couple en ou en famille, la tête baissée et le regard fixé sur leurs smartphones ou tablettes, déambulaient dans le parc a priori guidés par une quête qui m'échappe, une quête d'objets virtuels. J’ai donc pris le temps d’observer la manière avec laquelle les joueurs s’approprient tout le potentiel numérique de cet espace ouvert.
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    Ce qui semble déroutant au premier abord, c’est l’extrême concentration avec laquelle les passants s’adonnent à cette activité. Les individus discutent, rigolent, se touchent mais ne se regardent pas. Leurs yeux sont rivés sur l’écran de leur téléphone, l’excitation est palpable, leur pas est engagé, l’allure est déterminée, certains vont même jusqu’à filmer ce qui doit être un exploit avec des caméras frontales. Je me fonds dans le flux et par moment, les photographie sans que ma présence ne soit remarquée.
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    De temps à autre des alertes sont lancées, le rythme s’accélère, je cours avec des groupes de joueurs sans savoir ni pourquoi ni vers où. « Derrière les arbres ! ». La concentration de personnes est hallucinante, dans un petit coin en marge, habituellement peu traversé. Très vite, les individus se dispersent, le regard toujours fixé sur l’écran du smartphone.
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    Cette quête semble palpitante, elle crée des rythmes, incite les joueurs à parcourir la ville à pieds et donc indirectement à mieux la connaître. Les interactions sociales existent toujours mais sous des formes nouvelles. Le parc est exploité dans ses moindres recoins. L’espace public devient le réceptacle de nouvelles fonctions. Il est cependant encore trop tôt pour savoir si ses formes devront elles aussi s’adapter : devra-t-on créer des points de repère, une nouvelle signalétique, de nouveaux mobiliers plus connectés, etc. ?
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    Cette réalité numérique contribue au renouveau de l’animation des territoires et des espaces publics de nos villes. La ville dopée au numérique n’en est qu’à ses balbutiements mais elle m’intrigue, j’y participe tout de même, j’en suis témoin et acteur de son développement.
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    Les réseaux numériques, immatériels, marquent discrètement le paysage de nos villes. Jusqu’ici, ils n’ont que très peu altéré les formes urbaines à l’inverse des réseaux de transport qui, via de grandes infrastructures, ont créé de véritables fractures spatiales : le boulevard périphérique matérialisant la limite du Parc de la Villette en est un bel exemple.
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    Le cyberespace, actuellement en plein essor, s’accompagne de nouvelles pratiques, de nouveaux usages de l’espace public que la photographie se doit de révéler, documenter et archiver.
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Régulièrement je décide d’errer dans le Grand Paris avec mon appareil photo. J’en retire des séries photographiques qui retranscrivent les paysages urbains, les ambiances et les architectures des bouts de villes traversés. Je ne m’attache pas forcément à documenter les pratiques et les usages, je me promène et je photographie ce que je trouve subjectivement « beau » dans les espaces en marge, les territoires en mutation, ces espaces métropolitains que le collectif Stalker nomme les “territoires actuels”.
Villes, usages et numérique

La Villette

plans, lignes et folies à l’ère du dopage numérique

Drôles de rencontres pour notre photographe, cet été, lors d’une de ses promenades dans l’un des plus beaux parcs parisiens. Qu’on s’en inquiète ou qu’on s’en réjouisse, le numérique permet ici de créer une formidable aire de jeux, là-bas de redécouvrir des lieux oubliés.

Pour citer cet article

Yann Aubry, « La Villette », Revue Sur-Mesure [En ligne], mis en ligne le 15/12/2016, URL : https://www.revuesurmesure.fr/contributions/la-villette