revue-sur-mesure-marseille-eclates_portrait_emilie-seto.png
Marseille / Éclatés. Une ville transformée par ses imaginaires

Marseille / Éclatés

un témoignage

Renouvelant avec force et sensibilité les images de Marseille, de ses paysages emblématiques comme de ses lieux communs, l'illustratrice se confie également sur la genèse de ce coup de crayon qui la caractérise. Un témoignage qui est extrait de l’ouvrage "Marseille / Éclatés. Une ville transformée par ses imaginaires" que nous publions prochainement et disponible en précommande.

J’ai commencé à dessiner des scènes de Marseille pour le plaisir, à côté de commandes, notamment pour la presse. Je me suis mise à dessiner différemment, en assumant les maladresses de mon trait tout en les maîtrisant davantage. C’est arrivé assez soudainement et ça a changé beaucoup de choses pour moi : j’ai commencé à partager mes dessins sur les réseaux sociaux et beaucoup de Marseillais se sont mis à réagir. J’ai reçu énormément de réactions positives, beaucoup de messages. Ce qu’il s’est passé pour moi avec la ville de Marseille est assez fou ! Il y a un lien unique qui s’est créé avec des gens qui n’étaient pas nécessairement passionnés par le dessin mais qui se sont reconnus, sentis fiers ou représentés à travers les miens. Marseille a en quelque sorte donné de la notoriété à mon travail et m’a d’ailleurs permis de pouvoir exposer, même en dehors de Marseille.

revue-sur-mesure-marseille-eclates_seto_vueglobale2.png
Marseille. Vue depuis la tour La Marseillaise

C’est peut-être parce qu’on y retrouve à la fois des couleurs et un certain chaos, une ambiance associée à Marseille qui se transmet dans le dessin. C’est drôle parce qu’on me dit souvent que Marseille est colorée, alors qu’elle ne l’est finalement pas du tout : c’est une ville très blanche, avec une lumière saturée. Il y a une idée reçue à Marseille, très présente chez certaines personnes, qui pensent retrouver ici un bout de Maghreb et y associent des images de voyages et cartes postales. Pourtant, elle me semble bien moins colorée que Lyon ou Toulouse. D’ailleurs, les couleurs que j’emploie dans un dessin jouent plus sur l’intensité et sur l’accroche du regard, que dans une multiplication des teintes.

Á mon arrivée à Marseille, j’ai pris comme sujets le centre, la mer, la plage... mais je n’apprécie plus beaucoup dessiner cette partie de la ville, parce qu’elle peut vite m'exaspérer. Après la pandémie, toute la presse locale titrait sur les « Parisiens qui envahissent Marseille ». Il y a peut-être eu un phénomène touristique plus massif que d’habitude en effet, et qui a posé des problèmes concrets dans les calanques, une fréquentation inhabituelle de la ville, des musées, des plages… mais ce problème des « Parisiens », de tourisme et de gentrification, c’est un problème de gens du centre-ville. Les autres habitants se sentent probablement moins concernés. Peut-être qu’il s’agit plus des bourgeois des quartiers Sud, dérangés par des bourgeois parisiens qui achètent des biens qui restent de toute façon hors de prix pour la plupart des Marseillais…

« Tu es chez toi ici »

Aujourd’hui je me déplace vers l’est, ou dans des endroits où il n’y a quasiment personne. Je dessine souvent des lieux inconnus du grand public, des endroits pas touristiques, que seuls les gens qui y habitent connaissent. En se baladant, en particulier au nord et à l’est de la ville, j’aime par exemple la vie qui entoure les terrains de foot. J’ai un lien particulier avec ces lieux, avec les personnes que j’ai rencontrées là et qui sont devenues des amis. Je me souviens notamment d’une séance de cinéma en plein air que l’un d’entre eux organisait sur un terrain de foot. L’organisateur m’avait remercié et m’avait écrit « tu es chez toi ici ». C’est devenu le titre de mon livre et le titre de l’exposition que je viens de présenter en Chine. C’est une attention qui m’a particulièrement touchée !

La suite de cet extrait, d’autres témoignages ainsi qu'une série d’illustrations inédites sont à retrouver dans l’ouvrage Marseille / Éclatés. Une ville transformée par ses imaginaires, François Déalle Facquez & Emilie Seto, édité par Sur-Mesure. Disponible sous ce lien en prévente afin de faciliter l'impression. Merci par avance pour votre participation (parution prévue au premier trimestre 2024).

Pour citer cet article

Emilie Seto, « Marseille / Éclatés », Revue Sur-Mesure [En ligne], mis en ligne le 18/12/2023, URL : https://www.revuesurmesure.fr/contributions/marseille-eclates-2